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La notation dynamique ( suite)

note.jpgL'évaluation est un art difficile, comme l'indiquent de nombreux billets dont celui de Missmath très récemment. Les buts visés ne sont pas nécessairement compatibles. L'évaluation doit faire sens pour infléchir les pratiques de l'élève de façon positive, elle doit viser à ne pas le décourager car dans ce cas elle est contre-productive et elle classe les élèves en vue d'optimiser leur orientation.

En classe, l'élève se retrouve souvent dans le schéma suivant: attente de la date du contrôle+contrôle+attente de la note+note+attente de la date du prochain contrôle..., l'investissement étant commandé par l'objectif visé et le sentiment d'efficacité personnelle de l'élève dans la discipline en question.

Comment donc créer un système d'évaluation continue, plutôt positif mais pas trop, qui soit facilement lisible par les élèves et réalisable par l'enseignant, et qui de plus ne cadence pas sans cesse le temps par de longues périodes d'attente (d'un contrôle ou d'une note)?

J'avais déjà réfléchi à la question dans un précédent billet "Evaluation dynamique, différentielle et par compétences" en construisant un flux de petites notes. L'idée était bonne mais incomplète car je ne pouvais guère donner une note globale aux élèves qu'en fin de trimestre. Il m'était donc difficile d'avoir un discours sur les notes car celles-ci restaient trop longtemps en ma possession. L'élève ne la voyait que sur le bulletin lorsque j'en avais fait l'obscure moyenne. J'avais aussi beaucoup de difficultés à distinguer l'élève qui me donnait des travaux facultatifs de celui qui n'en donnait aucun. Le choix d'un coefficient plus ou moins important était mon seul levier et il était difficile à manoeuvrer.

J'ai eu l'idée pour cette année de faire évoluer, non pas le système d'évaluation que j'ai trouvé très performant mais la façon dont il produit des notes. Je souhaitais un système de production d'un flux évaluatif dans lequel je pourrai extraire des notes en nombre suffisant et faisant sens pour les élèves. Je crois avoir trouvé une piste prometteuse.

Il faut d'une part s'entendre sur ce que j'évalue dans ce flux. Il ne s'agit pas des travaux de synthèse mais de travaux très brefs (5 à 7 mns) réalisés en classe ciblant un objectif très précis, des devoirs faits en temps libre en dehors de la classe, des travaux facultatifs dont seuls ceux qui sont réussis sont comptabilisés, de compétences évaluées en cours, de l'attitude générale en face de l'activité de la discipline.

Pour que le flux évacue une note en direction de l'élève il lui faut en faut quatre. La plus basse est rayée. La moyenne des 3 autres donne la note en direction de l'élève. Les 2 notes les plus fortes sont rayées et il reste la 3ème en mémoire. On répète l'expérience.

Pourquoi ce système me semble bon ?

Il évacue toujours la plus mauvaise note, il est donc positif. Il ne l'est pas trop car il garde en mémoire la plus faible des trois notes restantes. Lorsque l'on itère le processus, il évacue toujours les plus mauvaises notes et garde toujours en mémoire le maximum des minima. Ce système permet l'erreur tout en forçant l'élève à augmenter ce max des mins.

Prenons un exemple (des notes extrêmes sont utilisées pour bien marquer les effets et les arrondis sont par excès au demi point supérieur).

Julie : 01 06 18 12 Le démarrage est difficile à deux petits tests, un bon devoir maison et une correction moyenne lui procurent une première note (6+18+12)/3 soit 12, ce qui est plutôt satisfaisant compte tenu de son démarrage laborieux. Comme je l'ai expliqué précédemment, je raye le 01, le 18 et le 12 et je garde le 06 en mémoire.

Prenons plusieurs cas de figure.

Julie est en fait très irrégulière et ses notes font de grands écarts, la suite des notes est 05 05 17

La note la plus basse 05 est rayée et Julie récolte un ( 06+05+17)/3 soit 9.5 , par contre elle est punie de son irrégularité car lui reste un 05 en mémoire à la place du 06 précédent.

Supposons maintenant que Julie soit plutôt laborieuse et que ses notes tournent autour de 09. Elle obtient en fait 09 09 09 ce qui donne la même moyenne que précédemment 09. La note que reçoit Julie est 09 soit de 0.5 point inférieure à la note précédente, mais la constance paye car si elle obtient une note inférieure à 09 dans la série suivante elle sera évacuée, alors que dans le cas précédent le risque sera  beaucoup plus grand puisque la note restant en mémoire est un 05.

Cette mémoire interne peut donc inciter l'élève à plus de régularité tout en lui permettant l'erreur.

La moyenne qu'aurait du obtenir Julie avec ses 7 notes était de 9.14. Cette technique de calcul n'éloigne donc pas trop de la moyenne réelle par contre elle permet un pilotage des notes par l'élève. Il est certain que notre première Julie, en imaginant qu'elle reçoive 06 04 20 obtiendra une moyenne de 10.5 avec un 06 en mémoire sanctionnant toujours son irrégularité alors que notre Julie laborieuse qui aura 06 10 et 14 aura 11 de moyenne et conservera toujours son 09 en mémoire.

Que se passe-t-il en cas d'effondrement ? Supposons que les 3 notes suivantes soient des 07. Julie irrégulière récolte un 07  ce  qui correspond exactement à ses notes alors que Julie laborieuse voit sa note être de 8 ( arrondi supérieur avec le 09 en mémoire), ce qui est positif psychologiquement !

En cas d'augmentation des résultats, la note faible est oubliée et prend place une note plus forte en mémoire, ce qui donne plus de confiance.

On peut maintenant considérer que Julie (la deuxième) sérieuse, décide de me rendre un travail facultatif. J'annonce très clairement que seuls les travaux réussis seront comptabilisés. Au milieu de sa série noire de 07 Julie reçoit un 17 valorisant aussi le fait que très peu d'élèves ont rendu ce travail.
Reprenons : 09 en mémoire, 07, 07 , 17 et le 3ème 07 . Julie reçoit donc un ( 09+17+07)/3 soit 11 et qui casse immédiatement  l'effet
psychologique négatif . Elle poursuit avec 09 en mémoire et un 07, mémoire résiduelle de la série noire.

Un autre point très important à souligner est que ce système rend la production de notes asynchrone. Il ne permet plus la comparaison car la note d'un devoir ne se retrouve plus comme élément net mais comme élément brut.

Les élèves ne peuvent plus se comparer entre eux à un moment donné. La note devient un élément primaire d'un calcul et non un objectif terminal. La note d'un flux est une matière première et non un élément manufacturé.

Répéter des évaluations très brèves et fortement alignées sur le contenu du cours, permet de diminuer l'impact de chacune d'entre elles. Pouvoir y injecter des notes provenant d'évaluations de natures différentes permet un enrichissement de ce flux et la création de l'asynchronie. Les élèves se trouvent dans un état permanent d'infléchir et d'agir sur ce flux.

Il me parait donc important qu'il puisse coexister au sein d'un processus évaluatif basé sur le temps long, un système  de notation synchrone (attente de l'évaluation+évaluation+attente de résultat+résultat) en même temps qu'une évaluation asynchrone cyclique et dynamique.

L'évaluation synchrone utilise comme support des travaux individuels de synthèse, les plus longs et ceux ciblant clairement la comparaison des performances des élèves à un moment donné. L'évaluation asynchrone s'appuie sur des travaux de toutes natures: très courts et individuels, travaux de groupes, évaluation de compétences, participation, activité et dynamisme, sérieux, travaux personnels en temps libre facultatifs ou obligatoires, tutorat entre élèves....


Un premier bilan après un mois d'utilisation

Ce premier mois est un peu particulier car, ne voulant pas effrayer les élèves qui n'en ont pas l'habitude, avec des interros très brèves et répétées chaque semaine, pour les deux premières je leur ai dit que les notes en dessous de la moyenne ne compteraient pas. J'ai suffisamment de "notes brutes" aujourd'hui pour ressortir une "note élève", sans nécessairement comptabiliser les deux premières. J'ai choisi de prendre des arrondis par défaut au demi point inférieur, considérant que l'aspect "positif" est suffisamment marqué par l'écrétage de la plus basse des notes.

La dispersion des notes brutes est énorme, elles vont presque pour chaque évaluation de 00 à 20, qu'il s'agisse d'une interrogation, d'une correction à rédiger ou d'un exercice à rédiger à la maison, elles sont symboliquement assez chargées de sens,  par contre leur caractère brut les rend plus innoffensives en cas d'échec. Les notes "élève" vont, quant à elles, de 09 à 18, la moyenne est de 13.5. Ces notes sont donc assez favorables pour les élèves. Elles permettent cependant au travers des notes brutes de voir assez rapidement les méthodes d'apprentissage, de restitution et de rédaction.  Elles permettent aussi d'assurer un suivi rapproché des élèves.

J'ai déjà pu constater que 4 élèves n'ont eu la moyenne à aucune interrogation et que 5 ont eu la moyenne aux 3. J'ai décélé très rapidement les éléments de régularité et je peux ainsi m'appuyer dessus pour informer les élèves  clairement de la situation sans que celle-ci prenne une ampleur dramatique avec la double punition de la faible note et du besoin de changement. En effet, les stratégies de changement sont bien difficiles à mettre en oeuvre et demandent un énorme travail en amont, car le changement n'est pas le moyen, c'est l'objectif visé. Le travail à produire par le "changeant" est donc entièrement en amont du changement qui peut s'avérer invisible pendant un temps assez marqué. Ce système asynchrone, à mémoire, et à écrétage peut être un bon moyen pour accompagner le changement potentiel à tout moment de l'année.

L'étude des "max des mins" mis en rapport des notes "élève" peut être un indicateur assez fin de régularité.

Ce système semble efficace et satisfaisant. L'évaluation d'une compétence particulière en classe, la réalisation d'un petit travail facultatif que j'aurai donné me permet déjà d'extraire une deuxième note en fin de semaine pour certains élèves. Chaque élève pilote indépendamment son flux car il ne reçoit pas nécessairement ses notes en même temps que les autres. Les comparaisons sont plus difficiles.

Il reste à savoir, si la règle du jeu sera appliquée toute l'année ou s'il faudra changer les règles en cours de route. Pour avoir testé un tel sytème l'année passé, sans par contre extraire aussi régulièrement "les notes élèves", j'ai bon espoir sur la pérénnité de celles-ci.

Plusieurs pistes pour l'avenir:

Survaloriser les éléments de régularité en rajoutant dans le flux la moyenne de 3 notes lorsqu'elles sont toutes au dessus ou en dessous de la moyenne. On créé ainsi une espèce d'inertie associée à la régularité.

Ne pas enlever la note la plus faible dans la moyenne des notes.

Supprimer la mémoire.

Personnaliser les évaluations de certains élèves en s'appuyant sur des axes de changement (travail personnel, méthodes, régularité, perfection, performance...).


....


Commentaires

  • Salut,

    connais-tu l'évaluation par points LOMER ?

    http://michel.vauquois.free.fr

    Amicalement,
    --
    Mato.

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